Résumé : Les lancers (poids, disque, javelot et marteau) sont considérés comme une « famille » de pratique. A ce titre, les ouvrages et articles qui traitent de leur enseignement préconisent leur approche transversale et multiforme avant la spécialisation de l'athlète. Pourtant, les progressions didactiques formulées par les auteurs intègrent peu ce type de préconisation. La plupart des propositions didactiques fédérales illustrent cette tendance : elles abordent séparément les lancers et isolent, pour chaque niveau de pratique et pour chacun des quatre lancers, des habiletés motrices spécifiques à acquérir. En outre, les modèles de la motricité du lanceur se contentent le plus souvent de juxtaposer ces acquisitions et les « fondamentaux » de l'athlétisme (Piasenta, 1988). L'analyse de cette motricité reste succincte et centrée sur les standards d'exécution à respecter, prenant peu en compte les différents comportements possibles et leurs déterminants (causes des comportements, effets de l'action de l'entraîneur). Cette étude vise à saisir de manière « ascendante » l'épaisseur anthropologique de ces pratiques sous l'angle de la didactique comparée. Il s'agit de montrer en quoi le caractère unitaire des lancers en tant que « famille » peut trouver son sens dans la nature et le mode de transmission des savoirs en jeu dans la relation didactique entraîneur/athlète de haut niveau. La comparaison de quatre dyades montre l'importance du rôle des appuis dans l'efficacité des stratégies visant à obtenir un geste plus ample, rapide, performant et conforme aux normes d'exécution connues.