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-> DUMASRepository for students' Research Papers (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance) Last Research Paper submitted
Ce mémoire s'intéresse aux collaborations possibles entre Intelligence Artificielle et philosophie. Il montre que les deux disciplines peuvent partager des objets, des théories et des résultats pour apprendre l'une de l'autre. La stratégie de ce mémoire consiste à expliciter des relations épistémologiques entre les problématiques propres aux deux disciplines ("IA faible" et "IA forte"), afin de définir des modes de collaboration sur le plan disciplinaire. La deuxième partie de ce mémoire présente les travaux de philosophes et de spécialistes de l'IA, depuis les débuts de l'Intelligence Artificielle jusqu'aux années 80. Elle expose les démarches collaboratives exploitées par ces chercheurs, de manière implicite ou explicite. La troisième partie présente des travaux où la philosophie sert de socle conceptuel à l'Intelligence Artificielle, notamment en ce qui concerne la simulation de phénomènes émergents. La quatrième partie réalise un renversement des relations classiques entre les deux disciplines. C'est au tour de l'Intelligence Artificielle de se mettre au service de la philosophie, en formulant de nouvelles hypothèses de recherche ou en testant les théories philosophiques à partir de cas concrets. Ce mémoire, enfin, espère œuvrer pour le rapprochement des deux disciplines et ainsi encourager philosophes et spécialistes de l'IA à collaborer sur les sujets qui leurs sont chers.
S'interroger sur le clonage, c'est s'interroger sur ce qu'il produit, à savoir le clone, le double, dont il s'agira pour nous d'appréhender le sens et de voir en quoi cet être recréé, reproduit par clonage présente une figure complexe, en quoi il représente un être particulier, au statut quelque peu singulier. Il importe donc de définir ce que signifie, ontologiquement et symboliquement, l'action même de cloner et de définir ainsi ce que signifie l'existence d'un clone. En effet, la question du clonage ne peut être séparée de la question même du clone puisque sans clone, il n'y aurait pas lieu de parler de clonage. Par ailleurs, il nous faut définir ce qu'est scientifiquement le clonage. Nous montrerons alors que les définitions mènent parfois à des quiproquos et des illusions qui n'ont pas lieu d'être une fois le terme clairement défini.
Les derniers écrits (1946-51) de Wittgenstein s'occupent principalement de philosophie de la psychologie et s'attaquent à certaines théories classiques de l'esprit, que les commentateurs qualifient de mythologies. Notre travail consiste à évaluer la possibilité de la présence de ces mythologies de l'esprit à l'intérieur des théories construites par les sciences psychologiques ainsi que les implications sur la psychologie que cette présence est susceptible d'avoir. En nous appuyant sur certains des points centraux de la critique wittgensteinienne (l'usage ordinaire, la distinction conceptuel / empirique, etc.), nous montrons qu'il est envisageable de dégager des thèses, d'inspiration wittgensteinienne, délimitant les prétentions de la psychologie. L'œuvre de Wittgenstein fournirait donc un outil, dans une mesure que nous nous efforçons d'apprécier, pour une mise en débat de la scientificité de la psychologie, en particulier des neurosciences cognitives.
Le débat sur la nature de la relation entre écologie et écologisme repose principalement sur des présupposés épistémologiques quant au statut de l'écologie et quant à la façon dont elle doit prendre en compte les activités humaines. L'écologie peut être considérée comme une partie de la biologie, comme une science naturelle interdisciplinaire, ou comme une science interdisciplinaire qui fait le pont entre sciences de la nature et sciences de l'homme. La prise en compte de la spécificité culturelle de l'homme dans son rapport aux écosystèmes et à la biosphère dépend donc du statut que l'on donne à l'écologie.
Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.
Notre projet de mémoire, ci-dessous développé, est le suivant : comment étudier la notion d'émergence dans le cadre de la métaphysique anglo-saxonne contemporaine ? Pour répondre à cette question, notre réflexion partira du système ontologique particulier, à savoir le "carré ontologique", d'inspiration aristotélicienne et repris par un auteur contemporain, E.J. Lowe. Dans ce système, les catégories ontologique d'"objet", de "phénomène", de "propriété" et de "condition" sont analysées comme étant fondamentales, irréductibles et suffisantes pour décrire tout le contenu de la réalité. Nous nous sommes limités cette année à la présentation de ce système, espérant par la suite pouvoir le développer dans le sens d'un physicalisme non réductif. Notre thèse finale sera alors la suivante : il est possible que de nouvelles conditions émergent.
Nous proposons à travers ce travail de regarder la pensée philosophique comme étant essentiellement liée au phénomène d'ἀνάμνησις, c'est-à-dire au ressouvenir ou à l'anamnèse. Nous cherchons à repenser le propre du philosopher. Dans cette optique, philosopher signifie "se ressouvenir". Pourtant, l'anamnèse n'a pas affaire à la mémoire et aux souvenirs. Elle est expérience, à travers laquelle adviennent une vérité et un savoir. Notre point de départ se trouve dans une évidence de la pensée philosophique : la pensée a une histoire et s'enracine dans une tradition. Tout ce qu'on met devant la pensée, tout ce que la pensée prend comme tâche a un lien avec ce qui a été pensé auparavant ou fait référence à ce qui a été, qu'on l'admette ou non. Nous identifions, cachée sous la forme de cette évidence, une tendance de la pensée philosophique qui n'a pas été mise en question ou explicitée. Ainsi, philosopher c'est dans un certain sens se retourner vers le passé afin de le reprendre sous un jour nouveau. Ce point de départ trouve sa confirmation philosophique à travers une analyse "historique" : l'anamnèse chez Platon et Gadamer. C'est à travers cette façon de mettre à l'œuvre ce que l'évidence nous a dévoilé qu'on découvre que l'anamnèse décrit la recherche et la découverte de type philosophique. Pour Platon, l'άνάμνησις représente moins une actualisation d'un savoir tout fait, inné et latent, qu'une manière de reprendre quelque chose de "su" sous un jour nouveau. C'est donc ce mouvement "rétrospectif" qui rend possible le savoir et la vérité pour la pensée philosophique. Selon Gadamer, l'άνάμνησις platonicienne s'apparente à une re-connaissance. Ces deux analyses dévoilent une certaine "structure" que possède l'anamnèse, un certain mode d'être : elle se définit par le "re-". Il s'agit d'un re-vivre, re-connaître, re-conquérir, re-voir "à distance" la réalité. Ceci renvoie à l'idée de "voir" les choses "dans une autre lumière", ou faire une nouvelle expérience des choses qui apporterait un surcroit de connaissance. Le "re-" de l'anamnèse désigne le fait de re-faire une "expérience". L'anamnèse représente une expérience du philosopher. Philosopher et parvenir à un savoir signifie, dans ce sens, faire l'expérience de l'expérience.
Qu'est-ce qu'être infirmière en 2012 ? C'est une présence au coeur de notre intimité, une prise en charge de notre vulnérabilité, un accompagnement jusqu'à notre toute fin de vie et même encore après. Ce soin immémorial reste la base du métier. C'est un care qui sollicite le passé à la recherche d'un avenir, une empathie et une proxémie s'efforçant d'effacer une charité démodée. Mais c'est aussi une technique pratique appelée au secours d'une Humanité orpheline de solidarité dans une société où seule l'autonomie semble valorisée. C'est encore un soin demandé en de multiples occasions, dans une transformation de notre vision de la santé. Être infirmière en 2012, c'est apprendre et savoir, en cumul de connaissances et de compétences sans cesse ajoutées. Mais comment faire face à ces mutations sociétales, ces évolutions professionnelles, ces représentations dans la relation de soin, ces images contradictoires des soignants et ces vécus parfois douloureux des soignés ? Une vision déontologique de la profession nous fait identifier des qualités de réflexion, d'adaptabilité, de responsabilité et de communication dans toute la richesse relationnelle de cette profession. Être infirmière en 2012, c'est aspirer, dans ce désordre d'idées, à la faveur d'une réflexion éthique et philosophique, à se forger une identité universitaire et au sein de la société.
En 1750 et 1751, une campagne hydrographique est réalisée dans le golfe de Gascogne à la demande du Dépôt des cartes et plans de la Marine. Cette campagne a pour but de vérifier et de corriger des cartes marines déjà publiées de la même région. Pendant la mission, plus de 350 sondes à plomb suiffé sont relevées dans le golfe afin de mesurer la profondeur de l’eau et pour lever des échantillons du fond marin à différents points. En étudiant les diverses archives provenant de cette campagne, la chaîne de production des savoirs hydrographiques en jeu au XVIIIe siècle est exposée et déconstruite. Elle englobe chaque étape dans le processus de construction de cartes marines, de l’émergence d’un besoin aux travaux sur le terrain et à leur utilisation finale. Les archives contiennent également les données hydrographiques brutes récoltées pendant la mission. Une méthodologie pour le traitement et l’analyse de ces données hydrographiques historiques est proposée et détaillée. La chaîne de traitement passe par la transcription des données des sources archivistiques à leur standardisation et classification selon des données de référence. Les données historiques ainsi traitées sont ensuite comparées et analysées par rapport à des données actuelles équivalentes. La méthodologie développée implique l’utilisation d’outils en humanités numériques, surtout pour la visualisation via la mise en carte des données historiques traitées.
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-> TELRepository for the archiving of Ph.D theses (Thèses En Ligne) Last Ph.D. submitted
Cette thèse porte sur les agents diplomatiques de Côme Ier de Médicis envoyés en France entre 1537 et 1559, dans la seconde partie des guerres d’Italie. En 1530, les Médicis rejoignent l’empereur et deviennent, sous sa tutelle, ducs de Florence, rompant avec la tradition francophile de la cité. Les deux changements, de régime d’une part, d’alliance de l’autre, ont longtemps été considérés comme étant à l’origine d’une rupture absolue des relations en Florence et la France, alors même que la période correspond à celle de l’ascension française de Catherine de Médicis, cousine de Côme. À l’aune d’un large dépouillement des registres de la chancellerie médicéenne, cette thèse rend caduque la doxa historiographique postulant cette rupture. Elle montre comment se construit une projection extérieure dans un espace inamical et dans le contexte d’un renouvellement du personnel politique florentin. Ce travail met en avant la multiplicité des acteurs des relations internationales et des modalités d’envois qui président à leur action. Ces « diplomaties plurielles » permettent à Côme de Médicis d’employer des dizaines d’agents aux statuts variés (espions, ambassadeurs, secrétaires, banquiers ou encore consuls) et de disposer d’une présence quasi continue à la cour de France et auprès des représentants français en Italie. Ainsi, ce cas d’étude permet de rendre compte de toute la complexité d’un modèle social et politique qui pourrait être représentatif de la Renaissance européenne, bien au-delà des seules limites du duché de Florence.
Les travaux patrimoniaux connaissent de multiples déclinaisons : étude en vue d’une candidature, exposition en musée, analyse ethnologique, archéologique, historiographique.. La nature des activités dépend du type de patrimoine considéré, des intentions, de la documentation à disposition, etc. Le plus souvent, des travaux complémentaires s’agrègent, permettant de combiner les points de vue, hypothèses et informations. Les humanités numériques, c’est à dire les activités d’étude, en sciences humaines au sens large, ayant recours à l’informatique calculatoire, se développent depuis les années 60. Les travaux patrimoniaux ne sont pas en reste, mais la quantité et la diversité, voire l’hétérogénéité des informations, combinées aux critères déontologiques du travail patrimonial compliquent le développement d’outillage pertinent. Dans une première partie, une réflexion portant sur les caractéristiques des travaux patrimoniaux et sur les enjeux du travail de modélisation en lien étroit avec la documentation est présentée. A partir de cette analyse, un cahier des charges pour la production d’un outil est établi permettant de faire face aux enjeux prioritaires. L’opposition entre la construction du sens qui entraîne la patrimonialisation, et la rupture du sens inhérente au numérique, est discutée, ainsi que le besoin de transparence dans les pratiques de modélisation. Les critères d’intégrité et d’authenticité des biens patrimoniaux, qui guident en partie nos apports, seront aussi affirmés dans leurs dimensions dynamiques. La mise en application, par le cas d’étude de l’Observatoire du Pic du Midi ainsi que celui de la série des cercles méridiens Gautier, permet de démontrer les propositions et d’en éprouver la pertinence et les limites.
The work is a revised latex edition, supplemented by explanatory tables, an index and a few remarks of the Ph.D. thesis of Patrick R. Girard, "The Conceptual Development of Einstein's General Theory of Relativity", The University of Wisconsin-Madison (USA), Ph.D.1981. Among all the physical theories developed by Albert Einstein, the general theory of relativity (GTR) is generally considered as his masterpiece. This theory has yielded the most successful treatment of gravitation known so far, and has, to the present day , brilliantly withstood all the experimental tests to which it has been submitted, while many competing theories have been eliminated. Despite its success, the history of the general theory of relativity has received much less attention than the history of the special theory. Though various aspects of the history of the general theory of relativity have been treated elsewhere, no comprehensive, detailed historical account of the sucçessive stages in the development of the general theory of relativity has, to my knowledge, been published. It is the purpose of this dissertation to fill that gap. The dissertation will not only analyze the mathematical development of the theory in detail, from 1907 to 1917, but will also pay close attention to Einstein's motivations. Though it is generally known that Einstein was motivated by epistemological reasons in the development of GTR, this is the first time that this claim is thoroughly documented. The work is intended for students , professors, scientists, historians of science, epistemologists and all those interested in the history of physical theories.
Among all the physical theories developed by Albert Einstein, the general theory of relativity (GTR) is generally considered as his masterpiece. This theory has yielded the most successful treatment of gravitation known so far, and has brilliantly withstood all the experimental tests to which it has been submitted, while many competing theories have been eliminated. Despite its success, the history of the general theory of relativity has received much less attention than the history of the special theory. Though various aspects of the history of the general theory of relativity have been treated elsewhere, no comprehensive, detailed historical account of the successive stages in the development of the general theory of relativity has, to my knowledge, been published (1981). It is the purpose of this dissertation to fill that gap. The dissertation will not only analyze the mathematical development of the theory in detail, from 1907 to 1917, but will also pay close attention to Einstein's motivations. Though it is generally known that Einstein was motivated by epistemological reasons in the development of GTR, this is the first time that this claim is thoroughly documented.
L'ouvrage est une traduction en français, augmentée de tableaux explicatifs, d'un index et de quelques remarques, de la thèse de Patrick R. Girard, "The Conceptual Development of Einstein's General Theory of Relativity", The University of Wisconsin-Madison (USA), Ph.D. 1981. La théorie de la relativité générale a donné à l'humanité le meilleur traitement de la gravitation à ce jour et constitue le chef-d'oeuvre d'Einstein. Négligée par les scientifiques eux-mêmes durant la première moitié du 20ième siècle, suite à la difficulté inhérente du sujet et aux difficultés expérimentales de vérification, cette théorie a reçu moins d'attention de la part des historiens de science que la théorie de la relativité restreinte. L'objet de cet ouvrage est de combler cette lacune en fournissant pour la première fois, à notre connaissance, une étude détaillée de l'ensemble du développement conceptuel de la théorie de la relativité générale d'Einstein. Après un bref examen de la théorie de la relativité restreinte, l'ouvrage dé- crit en détail le développement conceptuel de la théorie, la formulation du principe d'équivalence en 1907 et ses premières applications, la théorie d'Einstein- Grossmann en 1913 et la théorie généralement covariante. Une attention particuli ère est portée aux motivations épistémologiques d'Einstein qui sont analysées en détail. Le livre s'adresse aux étudiants, professeurs, scientifiques, historiens des sciences, épistémologues et à tous ceux intéressés par l'histoire des théories physiques.
Cette thèse propose de problématiser la grossesse comme un travail des femmes encadré par des institutions et façonné par les rapports sociaux de genre, de classe, et de race. L’analyse est basée sur une enquête par entretiens auprès de femmes enceintes et de leurs conjoints, et par observations dans deux maternités hospitalières (Île-de-France, 2014-2017). Cette thèse montre que la survenue des grossesses est encadrée par une norme conjugale, qui se décline selon des scripts conjugaux ; elle souligne également que le « bon moment » (la norme procréative) pour avoir un enfant varie selon les trajectoires et les positions sociales des femmes et de leurs conjoints. Elle interroge la manière dont l’encadrement étatique et médical des grossesses définit une temporalité spécifique de la gestation et met les femmes enceintes au travail de patiente. Le soin s’étend à l’espace et au temps domestiques dans la mesure où les femmes enceintes sont incitées à modifier leur vie quotidienne pour prévenir les risques. La division genrée du travail ménager et parental n’est modifiée que marginalement à l’occasion de la grossesse, tandis que la préparation de l’accueil d’un nouveau-né s’ajoute pour les femmes aux tâches habituelles. Dans l’espace du travail salarié, les grossesses apparaissent comme clandestines, à la fois illégitimes et ignorées. Elles jouent un rôle de révélateur vis-à-vis du salariat, en mettant en lumière l’extension du temps de travail, la pénibilité et les risques professionnels.
Entre 1780 et 1860 en Europe, la géographie se structure peu à peu en champ scientifique et académique indépendant, et particulièrement en France, Prusse et Grande-Bretagne. Au même moment dans ces trois pays européens, des géographes travaillent à ce que leur champ soit enfin considéré comme une science à part entière, au même titre par exemple que l'histoire ou les mathématiques. Ils construisent leur champ à la faveur d'un renouvellement profond de ses principes institutionnels et épistémologiques, selon un processus similaire dans ces trois sphères. Ils organisent progressivement les connaissances géographiques selon une exigence de scientificité, dont ils discutent les modalités. Ce processus de construction à la fois scientifique et disciplinaire est profondément marqué par l'héritage des Lumières et l'esprit universaliste, mais, parallèlement, il se trouve également influencé et informé par le contexte politique. Entre 1785 et 1860, les savoirs géographiques sont en effet investis d'une valeur stratégique grandissante : ils jouent un rôle majeur dans les idéologies politiques des États et également dans les actions politiques menées. En interrogeant conjointement les champs du politique et des savoirs géographiques, cette thèse vise ainsi à mettre en évidence en quoi le processus de montée en discipline des savoirs géographiques engagé simultanément en France, en Prusse et en Grande-Bretagne se trouve fondamentalement en tension entre, d'une part, une exigence universaliste portée à l'échelle européenne par le champ scientifique et, d'autre part, la nationalisation progressive des savoirs géographiques.
La géomatique, c'est-à-dire l'utilisation des technologies numériques pour acquérir, traiter, visualiser et communiquer l'information géographique, comprend de très nombreux domaines d'application dans le monde professionnel. L'usage de ces technologies (système de localisation GPS, globes virtuels sur Internet, systèmes d'information géographique...) commence à se diffuser dans la vie quotidienne et dans le domaine éducatif. Nous nous intéressons ici aux questions posées par l'introduction des outils géomatiques dans l'enseignement de la géographie. L'intégration de la géomatique ne va pas sans poser de nombreuses questions qui relèvent du champ de la géographie, de l'épistémologie, de la didactique, mais aussi de l'informatique, de la cartographie, de la psychologie cognitive, de la sociologie des usages. Elle fait rejouer de vieux débats sur la place et le rôle de la carte dans l'enseignement et l'apprentissage de la géographie, mais pose aussi la question des technologies de l'information géographique comme nouvel outil du géographe, comme manière différente de concevoir, d'enseigner et d'apprendre la géographie. Cette recherche vise d'une part à comprendre les usages et les enjeux de la cartographie et des Systèmes d'Information Géographique en classe de géographie, d'autre part à construire et à expérimenter un SIG éducatif qui favorise différents modes de raisonnement géographique. L'approche s'inscrit dans la perspective de la « genèse d'usages » géomatiques dans l'enseignement secondaire. A travers des démarches d'exploration visuelle et de résolution de problème, mêlant des approches inductives et des approches hypothético-déductives, l'enjeu est de dépasser les pratiques ritualisées et naturalisées de la carte scolaire, afin de promouvoir une nouvelle éducation géographique.
Cette thèse interroge les représentations que les géographes français du XXe siècle se font de leurs activités de recherche en explorant les multiples significations que recouvre pour eux le terrain, et notamment la place qu'il occupe dans les dispositifs heuristiques et dans l'imaginaire disciplinaire. Cette recherche entend appliquer à l'histoire de la géographie les approches et les méthodes de la sociologie des sciences. Tout au long de la période, le terrain constitue un ordre du discours dominant qui structure durablement les représentations et les pratiques : face aux lectures inspirées par la théorie des révolutions scientifiques, cette thèse met au contraire en lumière la stabilité des discours. La " crise de la géographie " qui désigne la période de doutes que traverse la discipline durant les années 1960 et 1970 apparaît alors davantage comme une mutation des discours et non comme un changement radical des pratiques. Ce changement de focale sur l'histoire de la discipline oblige donc à repenser les cadres avec lesquels l'écrire : le terrain - envisagé comme un " objet scientifique total " - constitue alors une entrée pertinente pour appréhender la géographie dans son ensemble, c'est-à-dire à la fois ses contenus, ses méthodes, ses finalités et ses acteurs.
Si l'histoire des sexualités marginales est bien abordée du point de vue de l'histoire culturelle depuis les années 1970, peu de travaux philosophiques s'attachent aujourd'hui à fournir une élucidation épistémologique critique du concept de perversion sexuelle. Ce dernier est pourtant un objet tout à fait étrange. C'est une catégorie médico-psychologique présente depuis plus d'un siècle et demi dans l'univers psychopathologique. Elle présente cependant des aspects indéniablement moraux, dont il semble que la simple présence aurait du la disqualifier depuis longtemps aux yeux des savoirs de l'esprit malade. Comment rendre compte de la stabilité historique et épistémologique d'un concept au sein duquel convergent deux dimensions en apparence contradictoires ? Cette thèse se propose d'explorer cette articulation du discours moral et du discours psychopathologique sur la sexualité, à travers la généalogie du concept de perversion sexuelle dans la psychiatrie française durant le long XIXème siècle (1797-1912). Deux questions traversent l'histoire de cette catégorie : quelle est la relation de la perversion sexuelle avec les écarts individuels aux normes morales, sociales, et juridiques, c'est à dire à la déviance ? Et quelles sont les images de la relation du sexe et du mal produites par le discours psychopathologique ? Ces deux problématiques engagent alors un questionnement plus large sur la fonction et les effets politiques du concept de perversion sexuelle, interrogation relative à la gestion sécuritaire des écarts sociaux, mais aussi à la place de la jouissance dans la civilisation occidentale contemporaine.
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