Femmes, pratiques associatives et action sociale en Seine-Inférieure à l'épreuve de la Grande Guerre - Université de Lyon Access content directly
Theses Year : 2022

Women, associative practices and social action in Seine-Inférieure tested by the Great War

Femmes, pratiques associatives et action sociale en Seine-Inférieure à l'épreuve de la Grande Guerre

Abstract

This work originates from the observation established by numerous monographs: at the turn of the 20th century, female affiliation to associative structures was major, particularly at the time of citizen investment in the renewed question of assistance, that of the Rallying of Catholics to the Republic and of the Separation of Churches and State. The objective was therefore, on a limited geographical territory – the Seine-Inférieure, a territory with numerous demographic, economic and cultural facets and close to Paris – to describe the groups in their historical construction and to observe their future through the major event of the Great War. The elaboration and constitution of a database of nearly 3000 affiliates realizing about 4000 affiliations served as a basis for the reconstitution of this breeding ground and its individual and collective itineraries between 1890 and 1923.On the one hand, the study has made it possible to establish that at the level of the department, the last years of the 19th century were those of the rise of women's structures. Secularized, emerging from the shadow of previous practices, they gained greater autonomy through authorization, even before the implementation of the law of July 1901. And so they took hold of most of the social issues and invent new forms of association that generate mass action. It is this breeding ground that responds to the requests of national feminist associations or those of the emerging Catholic leagues in the first years of the 20th century. The role of "stronghold" that the Seine-Inférieure constitutes for the great leaders such as Lucie Félix-Faure, Julie Siegfried or Cécile Brunschvicg gives it a place of choice within the national movements.On the other hand, the analysis of the database reveals the profound transformation of the structures, which quit the pattern of the gendered committee (men/women) to develop mixed associations or on the contrary exclusively female ones. It brings to light the contours of multi-affiliation, a primarily urban phenomenon. This multi-affiliation induces long careers, marked by a frequent identity of positions of responsibility from one association to another – it reveals the acquisition of effective skills and allows the associations to help each other out by giving or sharing staff. Therefore women’s networks are established within cities, inheriting local political logics; and their profiles, in Rouen and Le Havre, differ. Not so visible during events such as congresses for example, these local networks explain the circulation of ideas supported by an emerging but widely circulating movement press, the first memory of women's careers.The mobilization of women during the Great War, in a department which was both the rear base of the English and then American armies and the seat of a Belgian government in exile joined by a large number of refugees, is the heir to these founding years. The women's works were precocious (they duplicated the pre-war associations in mirror-associations which took charge of the civilian or military victims of the conflict) and formative (they supervised a large number of novice workers), and so, they were effective, accomplishing most of the aid to prisoners of war. However, if the Rouen feminist groups resisted the tensions between pacifists and partisans of active support for the “Sacred Union”, the feminist network in Le Havre did not survive the alliance renewed by the conflict between the Protestant and Catholic elites.All in all, this work invites to reconsider the play of provincial groups in the development of national movements, which makes women's social action a political practice in its own right.
Ce travail tire son origine du constat établi par de nombreuses monographies : au tournant du XXe siècle, l’affiliation féminine aux structures associatives est majeure, particulièrement au moment de l’investissement citoyen dans la question renouvelée de l’assistance, de celle du Ralliement des catholiques à la République puis de la Séparation des Églises et de l’État. L’objectif était donc, sur un territoire géographique limité– la Seine-Inférieure, territoire aux multiples facettes démographiques, économiques et culturelles et proche de Paris –, d’en décrire les groupes dans leur construction historique et d’en observer le devenir à travers l’événement majeur que constitue la Grande Guerre. L’élaboration et la constitution d’une base de données de près de 3000 affiliées réalisant environ 4000 affiliations a servi de fondement à la reconstitution de ce vivier et de ses itinéraires individuels et collectifs entre 1890 et 1923.L’étude a permis d’une part d’établir qu’à l’échelle du département, les dernières années du XIXe siècle sont celles de l’essor des structures féminines. Laïcisées, sorties de l’ombre des pratiques antérieures, elles accèdent à davantage d’autonomie par le biais de l’autorisation, et ce avant même la mise en place de la loi de juillet 1901. Elles s’emparent alors de la plupart des champs du social et inventent des formes associatives nouvelles qui génèrent une action de masse. C’est ce vivier qui répond aux sollicitations des associations féministes nationales ou bien à celles des ligues catholiques naissantes dans les premières années du XXe siècle. Le rôle de « fief » que constitue la Seine-Inférieure pour les grandes leaders que sont Lucie Félix-Faure, Julie Siegfried ou encore Cécile Brunschvicg lui accorde une place de choix au sein des mouvements nationaux.L’exploitation de la base de données révèle d’autre part la transformation profonde des structures, qui quittent le mode du comité genré hommes/femmes pour développer des associations mixtes ou au contraire exclusivement féminines. Elle met au jour les contours de la pluri-affiliation, phénomène avant tout urbain. Cette pluri-affiliation induit des carrières longues, marquées par une fréquente identité des postes à responsabilité d’une association à l’autre, ce qui révèle l’acquisition de compétences effectives et permet aux associations de se rendre des services mutuels par le transfert ou par le partage de personnel. S’établissent donc au sein des villes des réseaux féminins qui héritent des logiques politiques locales et dont les profils, à Rouen et au Havre, diffèrent. Peu apparents lors des manifestations que sont les congrès par exemple, ces réseaux locaux expliquent la circulation des idées épaulée par une presse de mouvement naissante mais largement diffusée, première mémoire des carrières féminines.La mobilisation féminine lors de la Grande Guerre, dans un département qui est à la fois la base arrière des armées anglaise puis américaine et le siège d’un gouvernement belge en exil rejoint par de très nombreux réfugiés, est l’héritière de ces années fondatrices. Précoces (elles dupliquent les associations d’avant-guerre en associations-miroirs qui prennent en charge les victimes civiles ou militaires du conflit) et formatrices (elles encadrent un personnel néophyte nombreux), les œuvres féminines sont efficaces, accomplissant l’essentiel de l’aide aux prisonniers de guerre. Cependant, si les groupes féministes rouennais résistent aux tensions entre pacifistes et partisanes du soutien actif à l’Union sacrée, le réseau féministe havrais ne survit pas à l’alliance renouvelée par le conflit entre les élites protestante et catholique.Au total, ce travail invite à reconsidérer le jeu des groupes de province dans l’élaboration des mouvements nationaux, qui fait bien de l’action sociale féminine une pratique politique à part entière.
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tel-04054078 , version 1 (31-03-2023)

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  • HAL Id : tel-04054078 , version 1

Cite

Claire Saunier-Le Foll. Femmes, pratiques associatives et action sociale en Seine-Inférieure à l'épreuve de la Grande Guerre. Histoire. Université Lumière - Lyon II, 2022. Français. ⟨NNT : 2022LYO20015⟩. ⟨tel-04054078⟩
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